Le redoublement

Ce texte est également disponible
dans le livre « Lire avec mon enfant ».

L’école tente d’être un endroit où l’apprenant prend ses apprentissages en main et où l’enseignant part de l’élève pour l’aider à construire ses apprentissages. Nous vivons dans une époque où l’inclusion scolaire est possible! L’ouverture d’esprit et l’acceptation permettent enfin l’adaptation de l’enseignement!

Malgré tout ce positif, la pratique du redoublement existe encore!

      Saviez-vous que dans certains pays, le redoublement est vraiment une exception? Il est même parfois interdit! En Finlande, Norvège, Suède et au Japon, c’est un acte considéré comme barbare! Le redoublement est une pratique qui varie énormément à l’échelle planétaire. Des chercheurs de partout et des organismes internationaux s’y intéressent depuis longtemps afin de mesurer les résultats des jeunes pour étudier et mieux comprendre l’apprentissage sous toutes ses facettes. Les comparaisons entre pays sont surprenantes! Comment se fait-il que plus de 25 % des élèves de 15 ans de certains pays aient repris au moins une année scolaire, alors que ce pourcentage ne soit que de 5% dans d’autres pays (dont le Canada)? Si le redoublement était une notion stable, une intervention logique et mesurable, il ne serait pas aussi variable!

      De nombreuses recherches ont été réalisées, les premières datant des années 80! Les conclusions, validées à maintes reprises, sont claires: le redoublement apporte plus de problèmes que de solutions. Saviez-vous que les pays qui usent davantage du redoublement ne sont pas plus performants que ceux qui en font moins? De quoi faire taire ceux qui croient qu’un enfant va s’améliorer grâce à celui-ci. Les recherches observent des enfants parfois pendant des années, afin de les comparer aux mêmes étapes. Lorsque deux enfants sont jumelés (selon des critères très précis), mais qu’un seul des deux redouble, il est constaté que l’élève qui n’a pas redoublé fera des apprentissages supérieurs à son « jumeau » scolaire.

Le redoublement a des effets positifs… à court terme. C’est très logique en fait. Pensez à un enfant qui reprend sa 3e année. À la rentrée, quel est le contenu des cours? Une révision de la 2e année! Ainsi, l’automne de cet enfant se passe sans embûches, car le contenu est ciblé sur ce qu’il a vu… un an (et un été) auparavant! C’est l’illusion d’une réussite… Qui s’estompe à l’arrivée de l’hiver. En fait, les jeunes qui redoublent ont généralement retrouvé leur niveau « pré-redoublement » au printemps suivant, tout en se comparant maintenant à des plus jeunes. Le redoublement reflète la compréhension commune (et erronée) de ce que doit être l’école : un endroit où il faut vivre des succès ou, par le fait même, des échecs. Dans le fond, pour être les meilleurs, faut-il créer des faibles?

      Parlons maturité… Ah! La maturité! Cet argument trop utilisé est une immense blague en soi. C’est la preuve du pouvoir que peuvent avoir les croyances sur l’intelligence même. La conviction du bien-fondé du redoublement empêche le constat d’une logique si simple : un enfant apprend en imitant ceux qui l’entourent. Dire qu’un enfant va maturer en le mettant dans une classe d’élèves PLUS JEUNES n’a aucun sens! Un enfant immature a besoin d’être entouré de jeunes plus matures! Comment se fait-il que cette logique implacable ne se présente pas à l’esprit de certains?

      Lorsqu’une reprise d’année est envisagée, la conversation est centrée sur la réussite académique, mais des raisons affectives sont aussi soulevées. Pourtant, la seule vraie question est: « comment se sent l’enfant qui redouble? » La réponse est claire. Il reçoit le message qu’il n’est pas « normal » et lorsque les difficultés d’apprentissage reviennent malgré le redoublement, il risque fortement de choisir l’option la plus intelligente et humaine face à la situation: arrêter de faire des efforts. Pour protéger son estime, il est plus logique de ne pas agir. En choisissant l’inaction ou le désintérêt, l’échec n’est plus lié à un manque de capacités. L’abandon volontaire permet de reprendre le contrôle sur la situation.

Lorsqu’ils osent parler de leur redoublement, les jeunes expriment leur tristesse, la peur du regard des autres (moi vs « eux ») et plusieurs ne peuvent expliquer pourquoi ils ont repris une année. D’autres affirment être

la cause de leurs échecs en accusant leur manque d’intelligence. Ils doivent fonctionner dans un groupe où la majorité a « réussi », ce qui augmente le poids des blessures et amène un stress lié au désir de prouver ses capacités aux autres. Comment prouver sa valeur en ayant toujours cette pression, autant sociale que mentale?

      Un enfant qui bosse dur pour réussir reçoit une terrible leçon lorsque ses efforts sont ignorés et que seuls ses résultats académiques sont relevés. La leçon est simple : les efforts ne servent pas. C’est là tout l’échec du système scolaire, où le cheminement vaut moins que la note.

      Ne vous résignez pas à cette « fausse solution ». Soyez convaincus du plein potentiel de votre enfant et préservez son estime personnelle en valorisant ses efforts. Agissez au printemps pour établir des mesures d’aide en prévision de l’automne, sans oublier la période estivale! Allez chercher des outils et du soutien supplémentaire en explorant le rayon « pédagogie » de votre librairie ou bibliothèque préférée! Assistez à des conférences sur les difficultés de votre jeune.

      En cas de conflit, consultez le conseiller pédagogique de votre centre scolaire, le protecteur de l’élève ou même la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Sachez également que plusieurs organismes communautaires sont présents pour vous, tout comme les ressources au privé.

Pour en savoir davantage sur le monde des recherches à propos du redoublement:
<a rel= »noreferrer noopener » href= »http://&lt;!– wp:paragraph –> <p><br>CRAHAY, Marcel. Peut-on lutter contre l’échec scolaire?, 4e édition, Belgique, Éditions<a href= »https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807315853-peut-lutter-contre-l-echec-scolaire »>https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807315853-peut-lutter-contre-l-echec-scolaire</a&gt; de Boeck Supérieur, 2019, 496 p., Coll. «Pédagogies en développement. »</p> <!– /wp:paragraph –> » data-type= »URL » data-id= »<!– wp:paragraph –> <p><br>CRAHAY, Marcel. Peut-on lutter contre l’échec scolaire?, 4e édition, Belgique, Éditions<a href= »https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807315853-peut-lutter-contre-l-echec-scolaire »>https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807315853-peut-lutter-contre-l-echec-scolaire</a&gt; de Boeck Supérieur, 2019, 496 p., Coll. «Pédagogies en développement. »</p> CRAHAY, Marcel. Peut-on lutter contre l’échec scolaire?, 4e édition, Belgique, Éditions de Boeck Supérieur, 2019, 496 p., Coll. «Pédagogies en développement. »

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